Lycées des métiers : La CGT Educ’Action Créteil dénonce une opération marketing et la labellisation qui génère la concurrence entre établissements.

 

Pour la CGT Educ’Action de l’Académie de Créteil, la démarche de labellisation comme la démarche « qualité » qui l’inspire sont dangereuses car elles génèrent la mise en concurrence des établissements. Le lycée des métiers induit un alourdissement des charges de travail et des risques de pressions du patronat.

A marche forcée, M. Mélenchon, ministre de le formation professionnelle, veut labelliser 150 lycées d'ici la fin de l'année scolaire.

Les nominés sont choisis par un comité "d'experts" (recteur, région, branches professionnelles) après un audit de qualité. Labellisés pour une période de 5 ans, ils devront respecter un cahier des charges précis et évolutif pendant cette période.

Audit, label, charte de qualité, service de proximité …: le vocabulaire nous entraîne plus du côté du marketing que de la formation.

9 lycées de l’Académie ont été labellisés en décembre 2001. Les personnels ont-ils été consultés sur ce choix et les conséquences qui en découlent ? Les propositions de réforme sont toujours plus valorisées quand elles viennent des sphères du Ministère que quand elles sont inspirées par l’action concrète des personnels.

M.Mélenchon se dit animé de nobles intentions : promouvoir la filière professionnelle, établir des passerelles avec la formation technologique, regrouper les formations d'un même métier dans un établissement unique, rassembler les différents publics (apprentissage, formation initiale et continue, voire universitaires). Ces établissements seront accueillants avec des locaux adaptés, conviviaux, des salles de réunion, du personnel social et para-médical. Séduisant n'est ce pas ?

Qui peut être contre la qualité de la formation ? Mais quel est le prix à payer ?

Certainement l’assujettissement aux bassins d’emplois. Celui-ci déterminera les filières de formations alors que les entreprises sont incapables de connaître leurs besoins sur le moyen terme. Les licenciements, les fermetures d'entreprises, les délocalisations sont aussi la réalité. La contrainte introduite par le cahier des charges sera de faire évoluer les formations dispensées selon les exigences patronales.

Le lien étroit avec les entreprises ira jusqu'à des coopérations technologiques voire des transferts technologiques du lycée vers des PME-PMI. Quelle liberté pédagogique peut exister pour les enseignants dans ces conditions ? L'enseignement deviendra l'exécution d'un contrat imposé qu'il faudra respecter sous peine de perdre le label.

Concernant les conditions de travail, les maîtres-mots sont parcours adaptés, individualisés, souplesse du temps de travail. Les entrées dans le lycée des métiers pourront se faire à n'importe quel moment de l'année scolaire (que ce soit pour un jeune ou pour un chômeur géré par le PARE). En l'occurrence, l'aménagement du temps de travail qui en découlera ira dans le sens d'une flexibilité maximum, de la dérégulation. Pas question de réduction du temps de travail, de création d'emplois.

A vrai dire, le lycée des métiers c'est la continuation de la charte pour la formation professionnelle intégrée de C.Allègre. Il faut sortir de ce carcan.

Le fait de labelliser des lycées, d'en faire des lycées « d'excellence » avec une « garantie de qualité » ne pourra que jeter le discrédit sur les lycées non labellisés qui seront considérés et traités comme des établissements de seconde zone. C’est introduire des logiques de hiérarchisation et de compétition qui vont à l’encontre de l’égalité de traitement entre tous les citoyens.

Il y a donc grand danger de voir la formation professionnelle publique cassée en deux, les personnels divisés par la concurrence qui les opposera.

Qu'en sera-t-il de la carte des formations ? Regrouper dans un seul établissement tout ce qui concerne un métier supprimera des formations existantes aujourd'hui dans plusieurs lycées et imposera des déplacements beaucoup plus importants aux jeunes et des restrictions des choix d’orientation.

Au contraire du concept du lycée des métiers, nous revendiquons la qualité et l’excellence pour tous les lycées. Cela suppose des moyens accrus pour travailler dans de meilleures conditions, pour donner à tous les jeunes le maximum de chances d’obtenir un diplôme et une qualification, condition indispensable de leur insertion professionnelle. Nous revendiquons des lycées de proximité, à échelle humaine, avec des formations multiples dans les trois filières. Nous revendiquons la mixité sociale et la mixité garçons-filles. Le bilan des lycées polyvalents reste à faire. A l’opposé du lycée des métiers, il est urgent de mettre en place une égale dignité des trois filières : générale, technologique et professionnelle.

 

C’est pourquoi, les 50 participants à la journée d’étude académique (77, 93, 94) du 18 janvier 2002, issus de 33 établissements, soutiennent les lycées mobilisés contre le « label » et appellent à élargir l’action et à multiplier les initiatives.