Des tables-rondes oui … mais pas pour tourner en rond !

Parmi les cinq tables-rondes mises en place par le ministère, trois viennent d’être ouvertes. Il s’agit de celles consacrées, à la relance et la rénovation des CAP, à l’examen et l’évaluation des nouvelles grilles horaires, et celle relative à la précarité dans la filière professionnelle.

Vous pourrez lire, ci-dessous, un bref compte-rendu des positions défendues par l’UNSEN-CGT.

LA RENOVATION ET LA RELANCE DU CAP

L’UNSEN CGT a, dès la première réunion, exprimé son opposition à la mise en place d’un diplôme à caractère social qui installerait une filière de relégation pour les jeunes.

La finalité de l’enseignement technologique et professionnel est d’assurer à tout jeune une quali-fication reconnue sanctionnée par un diplôme national lui permettant de maîtriser la diversité des situations de travail qu’il rencontrera dans son emploi, et d’avoir les acquis fondamentaux qui lui permettent de construire sa vie professionnelle et de citoyen.

L’UNSEN CGT ne repousse pas, par principe, toute sortie du système éducatif au niveau V, mais la question que nous posons, est celle du premier niveau de qualification pertinent dans la société d’aujourd’hui, compte tenu, de l’évolution des sciences et des techniques, et de ses répercus-sions dans l’organisation du travail.

Nous pensons que ce premier niveau de qualification doit être atteint par une période de formation très professionnalisante d’une durée pouvant aller jusqu’à un an après un BEP.

Une des questions centrales concerne "les pré requis" qui doivent se situer, selon nous, au niveau de la 3e. En abordant le problème de cette manière nous pointons le rôle du collège, et au-delà, de l’école, qui doivent conduire la totalité des élèves à ce premier palier d’orientation.

Dans l’état actuel des choses, tant que des jeunes seront en difficulté, il faut leur proposer des parcours diversifiés.

Le cursus de formation que nous proposons a, d’autre part, l’avantage de clarifier ce qu’on a pris l’habitude de nommer "le double niveau V", CAP-BEP.

Les lycées professionnels connaissent aujourd’hui une crise de recrutement. Ce ne sont pas des propositions minimalistes -qui en rabattent sur les contenus de formation- qui seront susceptibles de rendre ces établissements plus attractifs pour les élèves et de répondre aux besoins de qualifica-tion.

Le ministère entend aboutir rapidement à un texte définitif à partir duquel un décret serait promulgué après présentation au Conseil Supérieur de l’Education (CSE). Une fois le décret promulgué, la mise en conformité des CAP serait réalisée avec la refonte des référentiels.

Les textes sont une chose, leur réalisation concrète sur le terrain en est une autre.

 

LES GRILLES HORAIRES BEP ET BAC PRO

Les acquis des luttes de l’an dernier ont été diversement appréciés. S’il persiste le sentiment d’être resté "au milieu du gué", c’est dû en grande partie à l’application des nouvelles grilles horaires et à leur répercussion sur l’organisation des services.

L’UNSEN CGT avait alerté le ministère, lors des luttes, de l’infaisabilité des nouvelles grilles, et était intervenue pour demander qu’elles ne s’appliquent pas.

Les faits nous ont donné raison car, le constat, partagé par ailleurs, par tous les participants à la table ronde, y compris les membres de l’administration, est que : les grilles nouveau régime : ça ne marche pas !

L’inadéquation entre le statut des PLP et la conception des grilles a initié des numéros d’équilibriste, et contribué à installer des situations très diverses. Ce qui se passe d’un établissement à l’autre est très variable et engendre des disparités dans les horaires consacrés aux différentes disciplines, cela porte atteinte à l’unicité même des formations.

Au centre, il y a les PPCP et leur généralisation qui ajoutent à la désorganisation et qui conduisent à des aberrations d’emploi du temps.

Quant au fond, nous avons depuis le début, affir-mé notre opposition aux PPCP.

Leur caractère axé sur le professionnel favorise une instrumentalisation de l’enseignement général. C’est rigide, et en fin de compte cela réduira l’initiative au lieu de la développer.

Nous sommes pour des activités pluridiscipli-naires autour de projets, mais pas comme ça.

Nous sommes pour des projets "ouverts", à caractère, culturel, scientifique voire profes-sionnel lorsque le besoin s’en fait sentir avec des moyens spécifiques pour la concertation des équipes pédagogiques.

D’un point de vue statutaire et organisationnel, nous avons affirmé notre opposition à toutes référence dans le statut des PLP aux PPCP et au suivi des PFE. Ce sont des éléments d’ordre pédagogique qui n’ont rien à faire dans un statut.

Nous sommes favorables à la diminution horaire élèves mais l’horaire global du face à face pédagogique doit être préservé. Or il y a diminution du volume horaire global surtout pour les enseignements professionnels. La marge de manœuvre que constitue la durée des PFE n’a pas, selon nous, été suffisamment exploitée.

Nous sommes très circonspects sur le fondement pédagogique qui consiste à organiser les PFE pour les premiers niveaux de formation fin juin pendant la période des examens. Quelles possibilités de suivi par les enseignants qui sont pris par les examens ? Quelle possibilité d’exploitation péda-gogique ?

Les taux de dédoublement, soit disant supérieur, sont en fait très théoriques, compte tenu des effectifs de recrutement.

Les luttes de l’an dernier, et les revendications qu’elles ont portées avec cette force tout à fait exceptionnelle, devraient amener le ministère à revoir fondamentalement sa copie.

Les tables-rondes ont d’ailleurs été mises en place, d’après M. Mélenchon pour répondre plus complètement aux attentes des personnels

Or, les seules avancées que nous avons enregis-trées lors de cette réunion concernent l’abandon des directives pédagogiques qui incitaient à l’organisation des PFE fin juin.

Peut-être pouvons-nous espérer un abaissement des seuils de dédoublement, et encore, ce n’est pas certain. Sur le reste rien : PPCP maintenu, PFE dans les volumes actuels également.

Il y a à s’interroger sur la pratique du dialogue social du (ou des) nouveau(x) ministre(s). Allègre ne nous consultait pas, Mélenchon nous écoute mais ne nous entend pas, c’est "cause toujours". Il ne se prive pas pour autant d’évoquer, dans les décisions qu’il prend, le soin qu’il apporte à la concertation.

En ce qui concerne les PPCP, nous ne sommes pas les seuls à les réprouver sur le fond. Contraire-ment à ce qu’affirment les services du ministère, il n’y a pas consensus sur la question.

L’UNSEN-CGT a décidé de s’adresser directement au ministre pour lui demander de sortir du cadre restreint des discussions. Nous déciderons de la poursuite ou non de notre participation en fonc-tion de la nature des réponses qu’apportera le ministère (voir lettre ci-jointe)

Si tout est d’ores et déjà bouclé, nous ne voyons pas l’intérêt de continuer.

Quoiqu’il en soit, l’intervention des personnels reste l’élément incontournable. Il convient de mener l’information sur les enjeux, à partir des comptes-rendus des différentes rencontres avec le ministère, de continuer sa diffusion et de faire signer massivement la pétition.

LA PRECARITE

L'UNSEN-CGT a, dès la première réunion sur la résorption de l'emploi précaire, précisé sur quelles bases elle participait à ces réunions :

. tous les non-titulaires doivent être titularisés, ce qui implique une garantie de réemploi,

. que l'idée de concours soit abandonnée,

. que les emplois soient créés au niveau du budget pour les titulaires.

A ce jour, nous avons peu d'informations sur les modalités.

Le projet de loi sur la précarité est discuté au Parlement à partir du 23 novembre, d'où la nécessité d'interventions des personnels auprès des parlementaires pour obtenir satisfaction.

Montreuil, le 10 novembre 2000

 

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