A LA RECHERCHE DE LA GRILLE INTROUVABLE

Compte rendu de la réunion du 15 12 2000 concernant la table ronde des grilles horaires.

Pas plus que dans les réunions précédentes, dans la 4ème réunion de la table ronde il n’a été question de discuter des moyens à mettre en œuvre pour améliorer les conditions d’enseignement. La discussion reste circonscrite aux dispositifs techniques, à la recherche des grilles idéales pour une mise en œuvre facilitée.

L’administration a présenté " sur table " plusieurs propositions touchant à la présentation des grilles. L’objectif essentiel étant d’améliorer leur lisibilité, aucun choix véritable quant au fond n’était proposé.

Il y a une légère augmentation des volumes horaires par rapport aux grilles présentées le 27 11. Les volumes horaires globaux des PPCP sont abondés ou minorés de manière à les rendre divisibles par le nombre de semaines/année, ce qui permet une traduction hebdomadaire, tout du moins en enseignement général, pour les lettres/histoire et les maths/sciences. Les heures de PPCP, distribuées dans les différentes disciplines, indiquent précisément le doublement de la DHG (Dotation Horaire Globale) discipline par discipline sans condition de seuil. Cette disposition pourrait présenter néanmoins un effet pervers, celui d’être interprétée par les administrations locales comme une obligation à engager dans des PPCP l’ensemble des professeurs des disciplines concernées, ces collègues pouvant ainsi être amenés à participer à des PPCP dans toutes les sections où ils interviennent. La quotité heures/semaine PPCP, dans ces disciplines, étant par ailleurs très faible (0,5 heure/semaine), l’organisation des emplois du temps risque de conduire à des regroupements horaires sur certaines semaines, surtout dans de gros établissements où de nombreuses sections sont impliquées.

Avec la conception qu’il imprime aux PPCP, et qu’il n’entend pas remettre en cause, le ministère est à la recherche de la grille introuvable. Le statut des PLP établit un service hebdomadaire de 18 heures, c’est la contradiction fondamentale qu’il se refuse à dépasser.

L’UNSEN CGT propose que les projets pluridisciplinaires se conduisent sur la base du volontariat et sous la responsabilité des équipes pédagogiques, avec des heures de concertation faisant partie de l’horaire hebdomadaire. Or, pour ce qui est de la concertation, le ministère propose 10% du temps consacrés aux PPCP, ex : 12,5 heures sur l’année lorsque le PPCP fait 125 heures. La concertation devant se tenir pendant le temps où, normalement, les élèves doivent avoir cours, le ministère pose le problème de l’accueil des élèves pendant ces moments.

On ne peut évidemment être satisfait par de telles propositions. Se concerter devient, pour les équipes éducatives, incontournable. C’est un besoin, non seulement pour les PPCP, pour l’ECJS (Enseignement Civique Juridique et Social) et pour " l’aide individualisée " dont on voit mal comment leur organisation pourrait se construire sans concertation, mais aussi tout simplement pour le fonctionnement normal des enseignements. La proposition des 10% reste bien en deçà des exigences, d’autant plus qu’elle apporte une difficulté technique supplémentaire, à savoir la nécessité de trouver une plage commune " de liberté " pour l’ensemble des professeurs d’une même section.

Sur le fond, rien de nouveau par rapport à la précédente réunion. Notre impression de départ se confirme : les marges de la concertation restent bloquées par les moyens.

Les PPCP sont maintenus même s’il y a l’engagement d’en assouplir la définition. Notons qu’à cet égard, le ministère est conforté dans sa volonté de les maintenir par le SNETAA et le SE-FEN. Il s’appuie par ailleurs sur une enquête, dont nous n’avons pas encore eu communication, qui établit que les PPCP se " mettent rapidement en place ". Une dépêche de la presse spécialisée indique que " les équipes chargées des PPCP étaient en place dans 80% des établissements et 22% ont pu généraliser les PPCP dès octobre. Seuls 13% n’en n’auront démarré aucun au premier trimestre de l’année scolaire. "

Les seuils de dédoublement sont maintenus. Le ministère renouvelle son intention d’étudier la possibilité d’augmenter les dédoublements en éducation esthétique ce qui, d’après ses estimations, pourrait se solder par la création de 280 postes.

Nous ne pouvons qu’être interrogatifs sur sa volonté d’attribuer des moyens supplémentaires dans la mesure où les DHG sont d’ores et déjà annoncées dans certaines académies, rien, au delà des 50 000 heures supplémentaires qu’il avait dû consentir en avril dernier, ne semble envisagé. Les dédoublements en enseignement général sont pourtant d’une nécessité absolue.

Globalement, ce n’est pas satisfaisant. Techniquement, l’organisation et la structure des grilles éviteront les dysfonctionnements que nous avons vécus à la rentrée, mais les conditions d’enseignement ne seront pas améliorées et certaines dispositions risquent de favoriser le non respect du statut.

Les grilles, nous le savons tous, ont dès le début, été conçues au regard d’un statut d’enseignant annualisé et d’un objectif de " rentabilisation de l’année scolaire ". La réduction horaire élève est présentée comme une volonté de répondre aux revendications lycéennes qui se sont exprimées au premier trimestre 1998, revendication que l’UNSEN-CGT soutient. La seule solution qui permettrait de répondre à cette revendication sans prendre sur le temps de formation consiste, en lycée professionnel, à réduire la durée des périodes de formation en entreprise. Or, force est de constater que cette réduction n’a pas été accomplie dans tous les BEP et qu’elle n’a été prise en considération dans aucun Bac Professionnel. La diminution, par ailleurs, des possibilités de dédoublements en enseignement professionnel nuit à l’efficacité de l’enseignement mais permet de faire une économie substantielle de moyens.

Il est clair que le ministère n’a pas tiré tous les enseignements de la lutte.

L’an dernier, les PLP se sont mobilisés pour leur statut, mais au delà, n’est ce pas les difficultés grandissantes qu’ils doivent affronter dans l’exercice de leur métier qui les ont motivés ?

Les Lycées Professionnels vivent aujourd’hui une crise des recrutements élèves, ils doivent dans le même temps affronter les problèmes posés par le fossé qui se creuse entre les niveaux scolaires des élèves qu’ils accueillent et les contenus des enseignements qu’ils doivent dispenser. La redéfinition des grilles horaires ne peut se substituer à une nécessaire réflexion plus fondamentale de la politique de la formation technologique et professionnelle. C’est cette nécessité que nous avons mise en avant dans le conflit et dès la mise en place des tables rondes. C’est toujours cette exigence que nous portons aujourd’hui.

La prochaine réunion initialement prévue pour le 9 janvier est reportée au 16 janvier. D’ici là, nous devrions avoir d’autres propositions plus finalisées. La circulaire d’accompagnement des grilles sera mise à l’ordre du jour.

D’ores et déjà, nous ne nourrissons aucune illusion. Nous avons participé à ces réunions dans un esprit d’ouverture et de dialogue. Notre participation ne vaut pas caution, au contraire, elle nous a permis de faire entendre les préoccupations et les revendications des personnels. Nous ne nous contenterons pas d’un seul retour à une définition hebdomadaire des services.

Dans l’immédiat, il convient de prendre les dispositions qui s’imposent pour continuer d’informer largement les personnels, pour les réunir, car nous savons tous que, sans leur engagement, sans leur expression, il est difficile d’avancer.

Alain Gautheron

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