Compte-rendu
de laudience au Ministère
Le 5 octobre, une délégation du SDEN CGT-Educaction
93 a été reçu au Ministère par Daniel Assouline, conseiller technique de Mélenchon
et Nicolas Voisin, chargé de lenseignement adapté.
Notre délégation était formée de Michel Bidaux (secrétaire départemental),
Soumia Bourouaha (MA), Michel Morin (PLP, élu CAPA), Gabrielle Thomas (PLP,
Enseignement adapté), Soumia Chami (PLP), Yvon-Yvan Barabinot (PLP)
Nous avions demandé cette audience, suite à un échange de courriers avec le
Ministère, pour aborder lensemble des questions de la rentrée :
précarité, heures supplémentaires, emploi, réformes, enseignement adapté,
formation des enseignants.
Le compte-rendu selon un découpage reprenant les thèmes abordés
Les conditions de la rentrée et la précarité
SDEN 93 :
Nous ne sommes pas dupes des déclarations ministérielles et médiatiques sur
une rentrée calme et sereine, notamment en ce qui concerne le nombre de postes
restants vacants, à la rentrée et à ce jour.
En ce qui concerne la précarité, le réemploi de contractuels nest pas
assuré, alors que lembauche de vacataires et nouveaux contractuels a
recommencé. De plus de nombreux MA se trouvent en zone de rattachement.
Le Protocole précarité va laisser de côté de nombreux non-titulaires (Précaires
étrangers, ou ne remplissant pas les conditions de diplôme), le nombre de
postes pour la résorption nest pas chiffré. Nous sommes loin dune
gestion prévisionnelle des besoins.
Par ailleurs, la rentrée est marquée par une explosion des HSA qui passe de
8% à 11% (4000 HSA en LP dans le 93).
Enfin, nous rappelons notre opposition aux retenues programmées pour les journées
de grève de février-mars et au rattrapage des demi-journées de pré-rentrée.
Réponse dAssouline : Pour le rattrapage
des journées de pré-rentrée, leur organisation est de la compétence des Recteurs.
Sur le retrait des journées de grève, des consignes ont été données pour en
faire le moins possible. Le retrait des 3 jours nationaux est incontournable :
Bercy ne comprendrait pas que des grèves ne soient pas retirées.
Pour la rentrée, le Ministère estime quils ont fait le maximum pour
quelle se passe le mieux possible en donnant les autorisations dembauche
de contractuels, dès juin. Il assure que des consignes ont été donnés pour
que les contrats soient de 12 mois et que le réemploi est une priorité, mais
quil na pas le pouvoir pour les faire appliquer.
Laffectation des MA sur zone de rattachement et celle des TZR devant
les élèves est un choix qui considère que la priorité est de mettre des profs
devant les élèves, mais il est conscient que cela posera des difficultés dans
lannée, tous les moyens de remplacement étant épuisés.
Le protocole sur la précarité devrait être voté en novembre. Il a pour objet
de résorber la précarité et de répartir les moyens selon une gestion prévisionnelle.
Dans le cadre de ce protocole, il estime quil ny aura pas de laissés
pour compte, car le plan serait dit « glissant », cest-à-dire
que les précaires ne remplissant pas les conditions aujourdhui, pourrait
les remplir dans les 5 ans. La création déquivalences par validation
dacquis professionnels par décret (5 années denseignement équivaudraient
au BTS) permettra à ceux qui nont pas les conditions de diplôme de rentrer
dans le dispositif
Deux modalités sont prévues :
Un examen professionnel pour les MA ayant-droit avec un jury académique composé
dun PLP, et dun inspecteur, etc. : il y aurait une inspection
et une épreuve orale à partir dun dossier préparé par les non-titulaires.
Des concours spécifiques (1 seule épreuve)
Aucun dispositif nest prévu pour les MA et contractuels étrangers (les
propositions du Ministère qui nobligeait pas à modifier la Constitution
nauraient pas été retenu par les arbitrages gouvernementaux). En réponse
à notre demande que les naturalisations soient facilités, il a répondu que
des consignes sont déjà données sous réserve de leur application dans les
préfectures.
Il avance le chiffrage de 1350 postes créés en 2001 pour la résorption de
la précarité auquel sajouteraient 400 postes par transformation des
HSA. Cela pourrait monter jusquà 2000 postes par an par transfert de
ressources en poste. Il estime que le gel de lemploi public est remis
en cause par les annonces de créations de poste dans le projet de budget 2001.
Lenseignement adapté
SDEN 93 : Nous lui avons rappelé que nous refusions la discrimination sur les SEGPA et que nous nous prononçons pour les 18 heures pour tous tout de suite et lapplication des 2h de concertation dans les 23h.
Réponse : Si les PLP de lenseignement
adapté ne sont pas passé à 18 heures en 2000, cest parce quaucune
« nouvelle modalité pédagogique telle que les PPCP » navait
été prévue et que cela créerait un trop grand décalage avec les professeurs
décole intervenant dans ces mêmes sections. Les personnels doivent sadresser
au Recteur pour lapplication des 2h de concertation prévues dans les
textes.
En ce qui concerne le devenir de ces sections, N. Voisin renvoie à une
table-ronde de discussions avec les organisations syndicales qui tiendra cette
année jusquen février. Des propositions seraient faites ensuite.
Les réformes
SDEN 93 :
Nous avons souligné que les nouvelles grilles horaires se sont soldées par
des diminutions importantes dhoraires élèves alors que les référentiels
nont pas changé. Des dédoublements ont disparu.
Nous avons affirmé notre souhait que les PPCP, le décompte du suivi des PFE
et la flexibilité soient retirés du statut. Nous avons réitéré notre opposition
à la charte de lenseignement professionnel intégré.
Sur les PPCP, nous avons dénoncé leur aspect utilitariste, qui de plus rompt
légalité des jeunes devant les études par lénorme diversité des
situations selon les établissements. Nous avons également dénoncé la mise
en place des projets sans formation, sans moyens financiers, ni concertation
dans la durée.
Pour le suivi des PFE, nous lui avons montré quil introduisait partout
des risques de flexibilité, introduisant des débits dheure pour quasiment
tous les collègues (ex : LP Eugénie Cotton - Montreuil).
Réponse : Concernant le statut, il ne peut
se changer tous les ans. De plus, les PPCP et le suivi des PFE, cest
la « contrepartie pédagogique » du passage aux 18h pour tous les
PLP.
Sur les PPCP, Assouline assure quils nont pas lesprit que
nous dénonçons, mais quils doivent servir à assurer lenseignement
disciplinaire à partir des référentiels selon une autre modalité pédagogique.
En conséquence il ny a pas de diminution des heures denseignement.
Par contre, il savoue dans lincapacité dagir sur les Recteurs,
Inspecteurs et Proviseurs qui seraient restés aux propositions dAllègre
et introduisent flexibilité et lien avec les entreprises par les PPCP. Il
a retenu notre proposition de réunir les IEN pour recadrer les PPCP autour
de la pédagogie.
Enfin la charte de lenseignement professionnel intégré ne guiderait
plus laction du Ministère.
La formation des enseignants
SDEN 93 : Nous sommes intervenus sur le rapport détape Cornu-Brihault de rénovation des IUFM. Concernant lenseignement professionnel et technique, ce rapport est uniquement orienté par la charte de lenseignement professionnel intégré et axe la formation des enseignants autour du lien avec lentreprise (les stages en entreprise seraient une condition du recrutement à lIUFM, seraient obligatoires pour le concours et en 2e année dIUFM) ; Il ny a aucune réflexion sur lutilisation des stagiaires comme moyens denseignement dans les établissements et linadéquation de la formation actuelle.
Réponse : Ce rapport ne guidera pas le Ministère pour la rénovation de la formation des enseignants de lenseignement professionnel et technique.
Nos commentaires :
Notre délégation a été composée en fonction des dossiers
que nous voulions traiter avec le Ministère. Chacun de ses membres est intervenu,
pour montrer à partir de la réalité du terrain, les dangers de certaines orientations
actuelles et les problèmes de la rentrée sur le département : précarité,
emploi, SEGPA,
Dune manière générale, M. Assouline nous semblait exprimer davantage
une incapacité du ministère à lenseignement professionnel à agir, tant
par rapport à lensemble du gouvernement quaux recteurs et proviseurs.
Nous maintenons notre refus du retrait des journées de grève et du rattrapage des demi-journées de pré-rentrée.
Sur les conditions de la rentrée et de la précarité, les
affirmations du Ministère restent en décalage avec la réalité du terrain.
En effet, la rentrée nest toujours pas fini. De nombreux dysfonctionnements
ont été constatés : affectations tardives de MA ayant-droit, labsence
de contrats pour des contractuels en poste, de nombreux contractuels (enseignants
ou ATOSS) se voient imposer des contrats de moins dun an, etc. Ainsi,
les « consignes et priorités ministérielles » sont loin dêtre
effectives.
Plusieurs postes vacants ne sont pas encore pourvus. Le réemploi de tous les
non-titulaires nest pas assuré. Près de 200 contractuels navaient
toujours pas de poste au 4 octobre.
Concernant la résorption de la précarité, nous continuons à défendre que la
solution juste et nécessaire reste la titularisation de tous, sans condition
de concours, ni de nationalité. Cependant, tout en considérant que les mesures
du protocole restent en deçà de cette exigence, des ouvertures positives sont
aujourdhui obtenues à la suite du mouvement de lutte de ce printemps.
Ainsi, nous considérons comme un premier pas positif :
Le projet déquivalence de diplôme par la reconnaissance de lexpérience professionnelle denseignement (« 5 ans ») sil est effectif ouvrirait enfin des perspectives aux nombreux non-titulaires qui navaient pas été concernés par le dispositif Perben. Dautant plus que cela ne donnerait pas seulement droit aux concours, mais serait une qualification.
Lintégration progressive des non-titulaires dans le dispositif par le biais dun plan « glissant »
Le probable allègement des modalités de lexamen professionnel et du concours spécifique.
La volonté annoncée de donner comme consignes au jury de pourvoir tous les postes ouverts aux concours.
Néanmoins, subsiste un grand nombre de points négatifs :
La faiblesse du nombre (très approximatif) de postes ouverts pour la résorption de la précarité. Le rythme de 3000 postes annoncés pour lannée prochaine pour lensemble de lEducation Nationale, ne peut permettre dintégrer les 26000 enseignants non-titulaires au bout des cinq ans. Dautant plus, que lestimation du nombre de précaires par le ministère nous paraît être en dessous de la réalité.
Lexclusion du dispositif de tous les non-titulaires embauchés après le 10 juillet 2000.
La permanence de la précarité par labsence dune véritable politique prévisionnelle des besoins denseignement et de remplacement qui oblige les Rectorats à poursuivre le recrutement de nouveaux précaires.
La discrimination dont continueront à être victimes les non-titulaires étrangers.
Le nombre prévu dheures supplémentaires transformées en postes reste très insuffisant.
Nous ne pensons que le nombre de postes annoncé dans le cadre du budget 2001 représente une rupture dans la politique de gel de lemploi public. Il reste largement en dessous des besoins et des enjeux dune réelle démocratisation de lenseignement public. Il ne fixe aucune perspective de réduction des effectifs élèves, de création de dédoublements, de réduction du temps de travail, dinstauration de la concertation,
En ce qui concerne les 18 heures dans lenseignement
adapté, les justifications avancées sont scandaleuses. Elles sous-entendent
que le passage à 18 heures nest pas une mesure de justice, mais doit
nécessairement être compensé par un alourdissement de la charge de travail
(PPCP pour les LP). Nous sommes favorables à ce que les PLP de SEGPA comme
les professeurs des écoles voient leur service réduit à 18 heures.
Le Ministère doit par ailleurs assumer lapplication des 2h de concertation
dans lenseignement adapté et non renvoyer les personnels vers les Recteurs.
Dire, comme le fait le Ministère que la Charte de lenseignement professionnel intégré nest plus une référence est contredit par lintroduction de certaines de ses orientations comme la flexibilité par le biais des PPCP et du décompte du suivi des PFE. Le refus dexaminer le retrait de ces aspects du statut est inacceptable.
Nous notons les contradictions entre le discours du Ministère
sur les PPCP lors de cette audience et les orientations de la circulaire dapplication,
comme les directives des inspecteurs et proviseurs. Considérer les PPCP comme
une contrepartie du passage de 23 à 18 heures est une contradiction avec laffirmation
de ceux-ci comme une nouvelle modalité pédagogique denseignement. Néanmoins,
nous considérons comme positif la volonté déclarée du caractère disciplinaire
et pédagogique obligatoire de ces projets, loin de tout aspect utilitariste.
Cela reste à vérifier sur le terrain, dans les établissements. La circulaire
dapplication des PPCP devrait donc être rendue caduque.
Le Ministère ne tient pas compte de nos remarques sur la flexibilité introduite
par le décompte du suivi des PFE. A nous de faire en sorte quil ny
ait ni heures dues, ni heures sup.
Enfin, sur la rénovation de la formation des enseignants du technique et professionnel, nous resterons vigilants quant à lassurance du Ministère que la charte nen sera pas lorientation.
En conclusion, pour que le Ministère prenne en compte nos aspirations et nos revendications, il est nécessaire que lensemble des personnels lexprime en se mobilisant et en manifestant le Mercredi 25 octobre. Cest une première initiative intersyndicale au niveau de la région parisienne. Soyons nombreux au rendez-vous :
A lappel de CGT-Educaction, SGPEN-CGT, SUD-Education, SNEEP
Manifestation unitaire
En direction du Ministère de lEducation Nationale
Mercredi 25 octobre à 14h30, M° Sèvres-Babylone