Le 14 octobre, Soyons toutes, soyons une !
Après le 17 juin à Paris la Marche Mondiale des Femmes
continue à Bruxelles, le 14 octobre
Son objectif : dénoncer la pauvreté
et toutes les formes de violences dont sont victimes les femmes dans le monde ;
revendiquer un vrai partage des richesses et le respect de lintégrité
physique et morale. Cette lutte initiée en 1998 sinscrit dans une dimension
de contestation internationale et doit être rapprochée de lensemble
des mouvements anti-mondialisation qui interpellent les instances internationales
(ONU, FMI, Banque Mondiale,
) . Cest pourquoi aux revendications
nationales (voir article de juin du Sdenergie) sajoutent des revendications
mondiales (annulation de la dette, mise en place de la taxe Tobin,
).
La mobilisation apparaît dautant plus nécessaire que les droits des
femmes subissent continuellement des atteintes qui remettent en cause des
avancées durement acquises. La Charte européenne des droits fondamentaux qui
doit être discutée à Biarritz et Nice en est un nouvel exemple, puisque selon
plusieurs associations, aucune prise en compte des droits des femmes ne serait
faite.
Les choix dune marche convergeant à Bruxelles le 14 octobre et à New
York le 17 octobre sinscrivent dans cette logique dune lutte
nationale, européenne et internationale.
En France aussi, nous avons toutes les raisons
de nous battre !
La Marche Mondiale initiée à Paris
le 17 juin aura été une double réussite : dune part parce quelle
a su rassembler des femmes et des hommes de différentes associations, organisations
politiques et syndicales dans des cortèges qui en disaient longs sur la persistance
des inégalités et des discriminations sexistes. Mais aussi parce quelle
a poussé le gouvernement à faire machine arrière en proposant une rénovation
de la loi sur lavortement. Martine Aubry a en effet, annoncé le 14 septembre
aux associations pour les droits de femmes des propositions de réformes concernant
la loi sur lI.V.G (1975) et la contraception (1967).
30 ans plus tard, enfin du nouveau !
Le projet prévoit lallongement
du délai légal de recours à lIVG à 12 semaines de grossesse (comme cest
le cas dans la plupart des pays de lUnion) au lieu de 10.En effet, de
nombreuses femmes se trouvant dans des situations de détresse se voyaient
obligées de se rendre à létranger. Si ces réformes constituent une réelle
avancée depuis les premières lois sur lavortement et la contraception,
elles sont encore largement insuffisantes : la question des femmes étrangères
et des femmes sans-papières qui ne bénéficient daucune garantie, ni
aide, est passée sous silence. Par ailleurs si les sanctions pénales liées
à la propagande et à la publicité pour lIVG sont supprimées, lavortement
est toujours considéré comme un délit relevant du code pénal.
Une pilule pour linstant sans lendemain !
Autre point modifié par Martine Aubry :
lautorisation parentale pour les contraceptifs hormonaux nest
désormais plus exigée aux mineures. Pour lavortement, les adolescentes
mineures qui souhaitent avorter malgré lopposition catégorique des parents
pourront enfin le faire; accompagnées par une personne majeure de leur choix.
Enfin si la mineure ne souhaite pas informer ses parents, le médecin ne pourra
le faire sans son consentement. Ces nouvelles dispositions constituent une
première victoire, car elles reconnaissent enfin aux filles mineures le droit
à disposer de leur corps et par conséquent à choisir leur vie. Trop dadolescentes
se voient encore imposer une grossesse non désirée sous prétexte que les parents
ont la charge de leur éducation !
En ce qui concerne la pilule du lendemain, on ne peut être que scandalisé
par la décision du Conseil dEtat, interpellé par certaines associations
parentales et anti-avortement, dinterdire la délivrance de la pilule
du lendemain (Norlevo) par les infirmières scolaires (décret de Ségolène Royal)
sous prétexte que seul le médecin y est habilité. Pourtant cette pilule est
en vente libre dans toutes les pharmacies ! Cette décision ne relève
donc pas dune quelconque raison médicale mais dune idéologie des
plus rétrogrades. Elle nous montre bien que les attaques faites aux droits
des femmes peuvent même surgir des plus hautes instances de lEtat.
Ces avancées ne doivent pas nous faire oublier que les discriminations sexistes sont toujours à lordre du jour, et quelles exigent une constante vigilance de notre part. Rappelons quà lEducation Nationale même, elles se pratiquent. En effet, lors de la dernière session 2000 du BEP Métiers du Secrétariat et de la Comptabilité, sur un dossier intitulé " les femmes au travail, égalité des chances pas pour demain ", les candidats devaient " justifier le temps partiel pour les femmes " (question H) sans jamais les inciter à réfléchir sur lidée de " travail subi " pourtant apparente dans les documents. Comme si cela nétait pas assez claire, une autre question (J) sollicitait la réflexion des candidats sur " les raisons qui motivent les unes à travailler et une bonne mesure sociale qui inciterait les autres à rester à la maison ".
En clair, cela signifie que les idées de précarité et de retour des femmes au foyer deviennent des lieux communs dans la formation des jeunes.
Ainsi lEducation Nationale, qui prétend former les jeunes à la citoyenneté, se fait le chantre dune idéologie réactionnaire !