Une lutte qui doit se poursuivre en France et dans le Monde

Depuis le 17 octobre 1998, plus de 4000 organisations réparties dans 150 pays se sont alliées pour une "Marche mondiale pour la défense des droits des femmes", contre la pauvreté et toutes les violences, pour un partage des richesses et le respect de l’intégrité physique et morale des femmes du monde entier. Dans cet objectif en France, le collectif national pour les Droits des Femmes a décidé de créer la Coordination française pour la Marche mondiale des femmes regroupant diverses organisations politiques, syndicales et associatives sur la base de revendications mondiales et nationales. Des collectifs régionaux et locaux ont été constitués pour préparer des initiatives nationales et organiser les trois grandes Marches (Paris le 17 juin, Bruxelles le 14 octobre et New York le 17 octobre).

Le succès de ces marches montre à quel point la lutte nationale s’inscrit également dans une dimension de contestation internationale à l’image de l’ensemble des mouvements anti-mondialisation. Il montre aussi la nécessité de se battre ensemble et de poursuivre la lutte initiée par la Marche mondiale dans les collectifs régionaux et locaux . En France et dans le monde trop de femmes souffrent de multiples discriminations sexistes et sont les premières victimes de la précarité et de la pauvreté.

 

14 octobre à Bruxelles, elles manifestent

 30 000 manifestantes mais aussi manifestants venu(e)s de toute l’Europe se sont retrouvé(e)s à Bruxelles le 14 octobre 2000, quelques jours avant celle de New York, dans le cadre de la marche mondiale des femmes.

Certes le quartier des affaires et des bureaux où les autorités belges avaient cantonnées la manifestation était désert, mais la détermination, la bonne humeur étaient là.

Plusieurs cortèges bien fournis de l’état espagnol étaient présents dans la manifestation. Un autre composé de belges affichait un grand nombre de "Miss" sur la première ligne : "Miss Sans Papière", "Miss Discrimination", "Miss Pauvreté", "Miss Précarité" etc.

Le cortège du collectif unitaire fraçais regroupant toutes les organisations qui avaient travaillé ensemble à cette initiative était nombreux et compact. Il est dommage que le cortège de la CGT, qui participe au collectif, ait cru bon de manifester ailleurs !

A l’issue de la manifestation, prises de parole, débats, musique ont eu lieu dans un grand parc à proximité.

En fin d’après-midi, tout le monde se retrouvait sur la grande place de Bruxelles au milieu des badauds et des touristes pour chanter et lancer des slogans comme la discrimination, la pauvreté, l’exclusion.

Un réseau d'un nouveau genre est né !

17 octobre. L’arrivée au pays de la liberté fut étonnante.

D’abord, c’est un long voyage de 8 heures d’avion. Le champagne a coulé à flot dans la délégation. Les métallos étaient particulièrement en forme et nous avons sympathisé avec une hôtesse qui ne verra plus la CGT de la même façon…

Après avoir fait connaissance avec les autres membres de la délégation, nous avons eu à remplir le fameux formulaire d’entrée aux Etats-Unis… " Avez-vous autrefois été impliqué, ou êtes-vous maintenant impliqué, dans des activités d’espionnage, de sabotage, de terrorisme   ?… " ou encore : " Avez-vous l’intention de chercher du travail aux Etats-Unis ? " et puis : " ATTENTION : si vous avez répondu " Oui " à une ou plusieurs de ces questions, veuillez contacter l’Ambassade des Etats-Unis AVANT d’entreprendre votre voyage. Il est possible que l’entrée des Etats-Unis vous soit refusée. "… Envie de répondre " oui " à tout… Finalement, " non " mais c’est un premier choc culturel.

Personnellement, ce voyage a été une fabuleuse occasion, pour moi qui suis militante depuis plusieurs années mais femme depuis bien plus longtemps, de rencontrer d’autres femmes prenant leur destin en main pour changer les rapports entre les femmes et les hommes. Les luttes sont aussi diverses que les délégations : les femmes africaines, japonaises, boliviennes, québécoises ou françaises ne luttent pas localement pour les mêmes choses. Mais nous sommes toutes des femmes .

L’une des plus merveilleuses sensations a été celle de participer à créer un réseau de solidarité de femmes pour nos droits, pour l’égalité, pour la paix. Dans toutes les déclinaisons possibles.

Les femmes afghanes n’avaient pas de délégation. Les femmes de Palestine et d’Israël non plus. Six femmes venant de pays en situation de conflit comme l’Afghanistan, la Colombie, le Kurdistan, la Palestine, le Rwanda, la République Fédérale de Yougoslavie avaient cependant rencontré le 16 octobre Messieurs Wolfensohn, Président de la Banque Mondiale et Kolher, Directeur exécutif du Fonds Monétaire International ; le 17 octobre Mesdames Fréchette, Vice-Secrétaire Générale de l'ONU et King, Conseillère spéciale auprès du Secrétaire Général de l'ONU chargé de la condition féminine. Elles ont parlé avec émotion et conviction des effets de ces conflits, notamment sur la vie des femmes et des enfants.

Il reste beaucoup de luttes à mener. Partout.

La Marche Mondiale des Femmes réaffirme ses divergences fondamentales avec les politiques économiques mises en application par la BM et le FMI concernant des questions aussi fondamentales que la dette, les programmes d'ajustement structurel, l'intégration de la perspective différenciée selon les sexes et la démocratisation de ces institutions.

Notre marche dans les rues de New York a été une merveilleuse démonstration d’un désir unanime de changement à travers la planète. Nos voix ont raisonné dans les avenues de Manhattan jusqu’à Central Park sous les yeux des forces de l’ordre et d’une population bienveillantes. Le moment le plus émouvant, alors que le cortège était rassemblé devant le siège de l’ONU, fut le passage des milliers de pétitions arrivées le matin même en vélo et tenues à bout de bras tout au long du cortège : quelques 5 millions de signatures récoltées dans le monde !

Nous étions environ 10 000 femmes et hommes à avoir rejoint la Marche Mondiale des Femmes. 4000 femmes sont venues de l'extérieur des Etats-Unis et du Canada pour participer à cet événement mondial.

Près de 100 pays ont été représentés. Parmi les délégations, un fort contingent d'Européennes, galvanisées par le succès de la Marche des femmes européennes qui avait eu lieu le 14 octobre à Bruxelles et qui avait réuni près de 35 000 femmes. 250 femmes du Mexique étaient venues en caravane à partir du Chiapas. Une cinquantaine de Japonaises étaient là, ainsi qu’un nombre important de femmes autochtones. La présence des Africaines a été très remarquée.

Nous avons regretté la distance qu’ont semblée maintenir à notre égard les copines de la délégation de la coordination française. Quant à nous, nous étions heureuses d’être là, de participer joyeusement à l’expression tantôt bruyante, tantôt silencieuse d’une manifestation haute en couleurs. Avec des camarades d’autres fédérations, nous prenons le parti de refuser l’héritage des tensions historiques. Nous voulons les dépasser.

Avec les participantes à la Marche Mondiale des Femmes, nous exprimons le souhait de " continuer à travailler ensemble dans le futur pour créer un véritable réseau féministe mondial " et pour parler, d'une voix commune, devant les instances mondiales. Nous affirmons notre détermination à construire " une société civile internationale qui soit féministe, solidaire, unie, pacifique et qui participe pleinement à la lutte contre la mondialisation qui appauvrit les femmes et accentue les inégalités entre pays riches et pauvres, entre hommes et femmes, entre classes sociales favorisées et non favorisées ".

La naissance annoncée d’un collectif au sein de la FERC et notamment à partir du SDEN de Seine Saint-Denis participe de ce désir porteur d’avenir.

EmmaRubio

Déléguée pour la FERC au collectif Femmes Mixité de la CGT

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