Relations personnels de direction et enseignants
Thème d’une table-ronde à l’IA de Bobigny

C’est à l’initiative, et en présence de l’inspecteur de l’Académie, M Delahaye, que représentants des proviseurs et représentants des enseignants du département du 93 ont été réunis, le lundi 5 février. Etait également représenté le Rectorat de Créteil par M Toffeleti, IPR chargé de la vie scolaire.

Participaient à cette rencontre, le syndicat des proviseurs, des syndicats de la FSU, le SDEN-CGT, le SGEN-CFDT, l’UNSA (7 proviseurs et 7 enseignants).

L’objectif déclaré, par l’inspecteur de l’Académie, est d’organiser de premiers échanges entre personnels de direction et enseignants. Une telle démarche est motivée, selon lui, par le nombre croissant des conflits opposant les personnels à des chefs d’établissement dans notre département. Une vingtaine d’établissements est concernée. Il affirme être conscient de l’importance des difficultés des élèves du département. Il considère que l’intérêt de tous est d’y faire face, pour les surmonter : " Face à ces difficultés, il ne faut pas voir dans la personne du chef d’établissement un bouc émissaire. Par ailleurs, le travail des responsables est d’aider les enseignants à remplir leurs missions face aux difficultés ".

Le souhait de l’inspecteur est qu’à l’issue des explications et de l’échange de cette table ronde, soit défini un ensemble de principes de fonctionnement. Il a tout de même insisté sur le fait qu’il n’est pas question de remettre en cause les accords en vigueur ni d’instituer de nouvelles règles.

Le SNES est intervenu en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de problèmes dans la plupart des établissements, mais que là où ils existent la situation est très problématique. Il a également affirmé qu’il ne remettait pas en cause l’autorité des chefs d’établissements. Sa critique principale a porté sur les atteintes aux droits syndicaux, quelques pratiques autoritaires et l’absence de concertation.

Le SGEN-CFDT conteste le pouvoir des chefs d’établissements. Il revendique la nécessaire dissociation entre leur fonction en tant que représentants de l’état et le rôle de président du conseil d’administration. Il estime qu’il y a un problème de formation des chefs d’établissements et de compréhension de leurs tâches.

L’UNSA estime pour sa part que tout se passe bien dans le département. Les problèmes sont d’ordre de formation et d’information. Ils sont aussi relationnels par manque de connaissance, de dialogue et de concertation.

Le sden-cgt a fait la déclaration qui suit.

" Les établissements scolaires souffrent, dans leur ensemble, d’un déficit démocratique dans leur fonctionnement.

Plusieurs collègues et syndicats interpellent l’Inspection Académique et le Rectorat sur des pratiques problématiques de certains chefs d’établissements, sans réponses satisfaisantes. Le dernier exemple en date, est celui du lycée Marcel CACHIN qui s’est mis en grève pour défendre deux collègues surveillants, victimes de l’arbitraire. Une délégation a été reçue, à ce sujet, au Rectorat le vendredi 2 février.

Ce constat est bien réel. Certaines de ses manifestations les plus apparentes sont :

D’autres pratiques plus sournoises participent à la détérioration des conditions de travail, à l’instauration d’un climat de tension ; portant atteinte à la motivation de chacun et à la capacité de gérer des situations difficiles avec efficacité :

La liste n’est pas complète et les exemples de situations concrètes peuvent dépasser des fois ce qu’on est capable de soupçonner. Le "protocole d’accord sur la revalorisation du rôle et des carrières des chefs d’établissements de l’enseignement secondaire, signé le 16 Novembre, risque fort de déboucher sur une gestion plus autoritaire et technocratique des établissements et donc vers des situations plus explosives.

Nous revendiquons, contrairement à l’orientation actuelle :

Il est urgent d’en finir avec ces logiques d’abus de pouvoir, sous prétexte d’une pénurie en matière de recrutement. Si cette pénurie existe, elle doit nous interroger sur la conception même de "chefs " d’établissements. Car c’est de responsables que nous avons besoin et non de "chefs ". " Un chef  peut-être craint mais ne peut être respecté ".

Pour nous, il s’agit d’une exigence pour tous ; elle passe avant tout par la réhabilitation du rôle des instances représentatives, par la restauration de la fonction de l’enseignant et par la valorisation du statut de l’élève réellement. "

Les proviseurs sont ensuite intervenus. Des nuances de réflexion sont à noter. Ce que nous pouvons retenir globalement, se résume par les points suivants :

L’inspecteur de l’Académie a retenu comme points d’accord :

La nécessité d’accepter que les interlocuteurs soient les instances élues, les professeurs principaux, les délégués syndicaux. L’assemblée générale ne peut être un interlocuteur légitime permanent. (proposition du SNES)

Les interlocuteurs enseignants doivent avoir une constance et une cohérence dans l’attitude dans un cadre de débat et de confrontation des positions.

L’inspecteur a, par ailleurs, insisté sur le fait qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que la tête du chef d’établissement soit donnée comme réponse à une situation problématique. " Les enseignants n’ont pas toujours à savoir ce qui se passe. Chaque problème signalé est suivi avec attention par l’IA, même si cela ne parait pas forcément ".

Enfin, un appel à une attitude responsable, évitant le recours à la presse a été exprimé comme souhait par l’inspecteur pour finir l’année ensemble.

Le SDEN-CGT 93 estime que si la confirmation de certains droits et le refus de l’autoritarisme sont des points positifs. Il reste sceptique quant à leur traduction réelle dans les faits. Pendant cette table-ronde, et bien après, des entraves et des abus de la part de chefs d’établissement continuent à s’exercer en toute impunité.

Pour nous, les interlocuteurs ne peuvent être que les personnels eux-mêmes organisés en AG ou représentés par leurs élus. Les professeurs principaux ou coordonnateurs n’ont aucune légitimité. Ils peuvent, tout au contraire, dans certains cas, conforter le clientélisme au détriment des intérêts collectifs.

Enfin, le strict respect des textes légaux ne peut que limiter la démocratie. En effet, celle-ci avance par des luttes contre l’injustice de ce qui peut être considéré à un moment comme légal. C’est l’avancée des droits qui doit inspirer celle des lois.

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