LP Sabatier (Bobigny) : le lycée des métiers, le retour déguisé

 Une vague d’inspections sans précédent, inaugurait la sélection au sein des enseignants. L’opération s’est soldée par deux projets de licenciement pour 2 maîtres auxiliaires et des pressions sur un titulaire. Peut-être, un ordre de classement des enseignants selon leur mérite a-t-il été établi ? Après tout, les élèves le subissent, pourquoi pas les enseignants ?

Des signaux ont été donnés, pour annoncer, l’éventualité d’un intérêt de l’administration pour l’idée du lycée des métiers.

L’élaboration du document «diagnostic d’établissement », demandé par le Rectorat, a été, l’occasion d’affirmer des choix présentés comme ceux de l’ensemble des personnels et des élèves. Le concept de la concertation semble prendre un tournant historique. Il s’agit au fait de faire semblant. Il ne faut pas rêver ! Nos supérieurs hiérarchiques savent, à notre place, ce qui est bien pour nous. L’enjeu est de mettre en application leurs certitudes, avec un vernis démocratique. Vous pensez bien que la démocratie, la vraie doit se mériter.

 Des AG, des débats et une pétition ont souligné le refus massif des enseignants : 63 signatures. Les raisons de ce refus sont de trois ordres.

Sur le plan local, c’est le refus de voir disparaître la diversité des formations offertes aux élèves et de restructurer le lycée autour de ses 3 filières «nobles » : l’optique-lunetterie, l’esthétique et la coiffure. La suppression d’une demi-section de Bioservices est déjà effective à la rentrée prochaine, celle des Métiers de secrétariat et des Sciences médico-sociales se fera progressivement mais sûrement. Un seul point noir persiste. La directive du Rectorat insiste sur l’ouverture et le maintien des CAP «post SEGPA », un public qui dérange.

 Après la sélection des enseignants, celle des élèves trouvera sa traduction par l’éjection des sections à «problèmes ». Ne vous inquiétez pas ! Ils auront leur place dans le système éducatif, mais pas dans le lycée des «métiers » qui recrutera ses élèves ailleurs qu’autour de Bobigny. Peut-être les centres d’enfermement pour «mineurs délinquants », pourront être la place idéale pour certains ? Le fait que la diversité des publics élèves, a constitué pendant des années un facteur d’équilibre et de régulation de la souffrance de certains, n’intéresse pas. C’est vers «zéro défaut » que l’on doit arriver ! Malheur à ceux qui ont des défauts ! Pourtant, même le président de la république est loin de ce score.

 Sur le plan général, c’est le refus d’une école à deux vitesses : l’école pauvre et les métiers «dévalorisés et dévalorisants » pour les plus pauvres, puis les lycées de qualité «label rouge » pour les méritants. C’est le refus de la main mise du patronat sur les contenus et les formes d’enseignement. C’est aussi le refus de la remise en cause de nos statuts, de l’introduction de la flexibilité, l’annualisation, du travail au mérite, de la concurrence entre établissements et collègues, de l’augmentation du pouvoir des chefs d’établissements et de la cogestion avec les représentants des chambres de métiers.

 Alors, pour faire face à cette mobilisation, M Olivieiri, chargé de mission des lycées des métiers, a été invité pour nous expliquer en quoi la labellisation des lycées était salutaire pour tous.

Ce qui a le plus marqué dans son argumentation, c’est de considérer que le Label veut répondre aux carences suivantes :

Et pour être plus convaincant sur la nécessité de la démarche de labellisation, M Olivieiri, a rappelé qu’heureusement pour nous, qui connaissons le système de l’intérieur, nous arrivons à protéger nos enfants. Et les enfants de tous les autres ! Les autres qui méconnaissent les rouages du système et qui font confiance à l’état et à son école, ne méritent-ils pas toute la protection, la qualité et l’excellence ?  Nous avons mal pour eux et mal pour nos enfants, qui par choix et en connaissance de cause, fréquentent l’école publique des mêmes quartiers que tous les autres.

 Enfin, et ce n’est pas la fin, le chef de l’établissement nous informe que le Rectorat nous demande de réfléchir sur un projet d’établissement :

La proposition qui nous est faite, est de retravailler sur les mêmes thèmes imposés lors du «diagnostic ». Nous tenterons de faire prendre en compte nos points de vue.

 Notre labellisation a été ajournée. Notre lycée reste parmi ceux qui sont promis à cette « faveur » à condition entre autres de développer l’apprentissage. C’est un film à plusieurs épisodes : « lycée des métiers : le RETOUR » à travers le projet de l’établissement.

La résistance continuera ainsi que la revendication de l’excellence pour tous, pour ceux qui «savent » et pour ceux qui «ignorent ».  

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