Luc Ferry : Entre
réformes libérales et politique sécuritaire
Déjà à l’époque, il prônait l’élaboration « d’un socle
commun des connaissances » dans le but de rompre avec « la logique
des disciplines ». Il assume ainsi totalement les réformes en cours,
le nouveau ministre ne pouvant pas décemment faire une critique négative
de son propre travail.
Les objectifs déclarés lors de sa conférence de presse du
23 mai annonçaient une politique éducative pouvant se résumer en 3 points
essentiels : lutter contre l’illettrisme, revaloriser l’enseignement
professionnel et rétablir l’autorité à l’école.
En matière de lutte contre l’illettrisme, il conviendrait
selon lui de privilégier l’acquisition et la maîtrise des savoirs fondamentaux
(lire, écrire, compter), la pédagogie ayant laissé trop de place à l’apprentissage
ludique au détriment de l’apprentissage systématique. Il faut donc respecter
scrupuleusement l’utilisation, dans sa totalité, du quota horaire dévolu
à chaque compétence.
L’analyse de l’échec scolaire (baisse générale du niveau
des élèves, problèmes de comportement, non acquisition de diplômes) reste
succincte, l’échec n’étant dû ni à l’utilisation de la méthode globale de
lecture, ni à la démocratisation de l’école, ni à la prédominance dans notre
société de l’audiovisuel …
Le mystère restant donc entier quant aux causes du dysfonctionnement,
comment peut-on avoir cibler les mesures adéquates pour y remédier?
Rien de bien nouveau non
plus en ce qui concerne l’enseignement professionnel. La revalorisation
des LP passe par la poursuite de la labellisation des lycées sans la moindre
remise en cause ou proposition nouvelle. Le ministre ne s’est par ailleurs
pas prononcé sur la poursuite des PPCP mais là aussi elle semble acquise.
Les itinéraires de découverte sont entérinés au niveau du collège. Les lycées
professionnels accueilleraient en apprentissage des élèves de 3ème
de collège.
La
revalorisation de l’enseignement professionnel est subordonné au rôle dominant
accordé au secteur privé. Les enseignants, les tuteurs d’entreprises, les
membres d’associations, les animateurs seront amenés ou invités à encadrer
nos élèves dans le cadre de l’école « ouverte », pendant les vacances,
« Un livre de l’engagement » devra
attester des projets effectués par chaque établissement scolaire !
Vaste programme…
Enfin le discours sécuritaire sorti du programme de J. Chirac,
est bien entendu à l’ordre du jour sous couvert du rétablissement de l’autorité
à l’école (sortir les « caïds » comme disait M. Darcos, ministre
chargé de l’enseignement scolaire). Cela constitue sans doute le seul point
novateur : ministre de l’EN et de l’Intérieur seront amenés à collaborer
pour les élèves les plus difficiles qui auront affaire aux fameux centres
fermés et aux classes relais provisoires pour les moins récalcitrants, classes
pour lesquelles le bilan s’est révélé être assez négatif lorsque les élèves
réintégraient le système scolaire classique.
Luc
Ferry n’annonce donc rien de nouveau, assume toutes les réformes en cours
et on en saura sans doute plus dans quelques semaines lorsque le futur gouvernement
sera installé au lendemain des élections.