Luc Ferry : Entre réformes libérales et politique sécuritaire

 Le philosophe Luc Ferry n’est pas inconnu à l’Education Nationale puisqu’il présidait le Conseil Nationale des Programmes en 1993 pendant le ministère de François Bayrou et qu’il est resté en place sous C. Allègre et J. Lang. Il fut particulièrement chargé de travailler à la transformation des contenus des programmes de l’école à l’université.

Déjà à l’époque, il prônait l’élaboration « d’un socle commun des connaissances » dans le but de rompre avec « la logique des disciplines ». Il assume ainsi totalement les réformes en cours, le nouveau ministre ne pouvant pas décemment faire une critique négative de son propre travail.

Les objectifs déclarés lors de sa conférence de presse du 23 mai annonçaient une politique éducative pouvant se résumer en 3 points essentiels : lutter contre l’illettrisme, revaloriser l’enseignement professionnel et rétablir l’autorité à l’école.

En matière de lutte contre l’illettrisme, il conviendrait selon lui de privilégier l’acquisition et la maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter), la pédagogie ayant laissé trop de place à l’apprentissage ludique au détriment de l’apprentissage systématique. Il faut donc respecter scrupuleusement l’utilisation, dans sa totalité, du quota horaire dévolu à chaque compétence.

L’analyse de l’échec scolaire (baisse générale du niveau des élèves, problèmes de comportement, non acquisition de diplômes) reste succincte, l’échec n’étant dû ni à l’utilisation de la méthode globale de lecture, ni à la démocratisation de l’école, ni à la prédominance dans notre société de l’audiovisuel …

Le mystère restant donc entier quant aux causes du dysfonctionnement, comment peut-on avoir cibler les mesures adéquates pour y remédier?

Rien de bien nouveau non plus en ce qui concerne l’enseignement professionnel. La revalorisation des LP passe par la poursuite de la labellisation des lycées sans la moindre remise en cause ou proposition nouvelle. Le ministre ne s’est par ailleurs pas prononcé sur la poursuite des PPCP mais là aussi elle semble acquise. Les itinéraires de découverte sont entérinés au niveau du collège. Les lycées professionnels accueilleraient en apprentissage des élèves de 3ème de collège.

La revalorisation de l’enseignement professionnel est subordonné au rôle dominant accordé au secteur privé. Les enseignants, les tuteurs d’entreprises, les membres d’associations, les animateurs seront amenés ou invités à encadrer nos élèves dans le cadre de l’école « ouverte », pendant les vacances, « Un livre de l’engagement » devra  attester des projets effectués par chaque établissement scolaire ! Vaste programme…

Enfin le discours sécuritaire sorti du programme de J. Chirac, est bien entendu à l’ordre du jour sous couvert du rétablissement de l’autorité à l’école (sortir les « caïds » comme disait M. Darcos, ministre chargé de l’enseignement scolaire). Cela constitue sans doute le seul point novateur : ministre de l’EN et de l’Intérieur seront amenés à collaborer pour les élèves les plus difficiles qui auront affaire aux fameux centres fermés et aux classes relais provisoires pour les moins récalcitrants, classes pour lesquelles le bilan s’est révélé être assez négatif lorsque les élèves réintégraient le système scolaire classique.

Luc Ferry n’annonce donc rien de nouveau, assume toutes les réformes en cours et on en saura sans doute plus dans quelques semaines lorsque le futur gouvernement sera installé au lendemain des élections.

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