Plan " d’aide au retour " à l’emploi

Une priorité gouvernementale pour " compenser par des mesures volontaires une éventuelle baisse conjoncturelle des créations d’emplois "

Voilà une déclaration de la ministre de l’emploi qui a le mérite d’être claire. Cette clarté a tout de même attendu que la nouvelle convention d’assurance chômage, soit votée le mercredi 13 juin 2001 en deuxième lecture. Il ne s’agit donc pas d’aider au retour à l’emploi. Il s’agit de faire porter la responsabilité morale et matérielle à ceux qu’on prive d’emploi.

En effet, le ralentissement de la baisse de chômage se poursuit depuis plusieurs mois. Seules 4000 personnes auraient retrouvé un emploi en avril 2001. Des économistes s’alarment du léger effritement des bénéfices des entreprises. Celui-ci entraînerait une baisse des investissements, de l’emploi, de la consommation et donc un ralentissement de l’économie française.

Les nombreux plans de licenciements massifs déjà connus risquent de n’être qu’un début. D’autres se font attendre. Indépendamment de " l’état de santé " des entreprises, mais bien aux dépens de la vie de milliers de gens, la course à encore plus de profits viendra engorger des statistiques trop lourdes des souffrances humaines.

Dans cette conjoncture, " la volonté " des privés d’emploi " réussirait " là où des entreprises y compris bénéficiaires, échouent. Le PAP (projet d’action personnalisé) est là pour voler au secours des fidèles du chômage, indemnisés par l’UNEDIC ou par le régime de solidarité. C’est un document que proposera l’ANPE au demandeur d’emploi dès le premier entretien. Il comportera les attentes professionnelles de la personne et ses qualifications. Il proposera dans certains cas une formation. L’obligation d’accepter le PARE n’est pas formelle. Dans la pratique, et au regard du code du travail, un tel refus peut-être assimilé à un non respect de l’obligation de " faire des démarches positives pour retrouver un emploi ". Alors, de telles brebis égarées seront ou non radiées, selon l’appréciation de l’ANPE.

Mais de telles mesures ne suffiront pas. Ceux qui refusent une offre généreuse pour se faire exploiter à bas prix, dans des conditions de flexibilité et de précarité, se verront opposer un refus de versement des allocations chômage par les ASSEDIC. Le MEDEF, qui gère l’UNEDIC avec la CFDT et la CFTC, considère que le refus d’un PARE est un motif suffisant pour une radiation.

Ceux qui sont actuellement indemnisés par les ASSEDIC auront une allocation au taux actuel. La dégressivité de moins de 17% tous les six mois sera gelée. Pour ceux qui s’inscriront à l’ ANPE à partir du 1 juillet 2001 l’allocation ne sera pas dégressive. Alors pourquoi cette mesure discriminatoire entre anciens et nouveaux chômeurs ? Ne faut-il pas rétablir les allocations sur leurs valeurs de départ, avant la dégressivité, pour les plus anciens ? Quel sort est alors réservé à ceux qui refuseront le PARE ?

Privés d’emploi par des patrons, ils seront radiés par les mêmes du droit de percevoir une allocation de survie. La stigmatisation, la culpabilisation des chômeurs sous prétexte d’une faillite de leur volonté de travailler, les désignera comme responsables de leur propre misère. Une séparation entre les " bons " chômeurs et les " mauvais " verra le jour. Cela rejoint la même logique conduisant à la politique de pénalisation de la pauvreté. Les " mauvais " chômeurs feront partie des groupes à risque.

Le PARE n’épargnera personne. Il constitue une véritable pression sur l’ensemble des salariés, tirant les droits et les conditions de travail vers le bas. Les salaires en pâtiront. Tous concernés, il est plus que jamais d’actualité de construire la résistance et la mobilisation. Il est toujours possible de faire reculer ceux qui aujourd’hui s’imposent comme juges et parties dictant licenciements et suppressions d’allocations de chômage.

 

L’emploi est un droit. C’est le premier des droits. Arrêtons les licenciements.

Faisons la guerre au chômage,

ni PARE, ni PAP !

 

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