Violence à/de lécole : ouvrons le débat !
Le 1er trimestre a été émaillé de luttes locales, ponctuelles, détablissements du 93 confrontés à des situations de violence. Cela pèse fortement sur le climat des bahuts : les jeunes en sont les premières victimes et de nombreux enseignants sont placés dans une situation de malaise. Malaise provenant notamment dune impression dabsence de réponses, avec une tentation de voir une solution dans la répression.
Ce malaise doit être surmonté, il est urgent davancer des réponses syndicales, de rouvrir le débat sur cette question de la violence.
Au préalable, tordons le cou aux idées fausses qui peuvent progresser chez certains collègues. Lexclusion délèves, la systématisation des conseils de discipline peuvent avoir un effet immédiat, mais ils noffrent aucune perspective damélioration. Lécole nest aucunement un " sanctuaire ", la violence existe dans les quartiers, il est malheureusement logique qu elle pénètre également dans lécole.
De même les réponses de linstitution en terme déducation à la citoyenneté, sapparentent plus à la leçon de comportement, au retour de la morale sans prise sur la réalité et nayant jamais comme objectif la formation de véritables citoyens.
Pour rechercher des réponses, il est nécessaire de rappeler que ce mal qui ronge ladhésion des jeunes à lécole est dabord la conséquence dune violence de lécole elle même, de la société. Lindividualisme et la quête du profit organisent labsence de repères ; la sélection, la relégation, léchec favorisent la vindicte des jeunes.
La lutte contre la violence à l'école passe par la démocratisation de lécole. Certains estiment quil y a trente ans lécole ne connaissait pas de violence, ni déchec scolaire. Mais à cette date, tous les publics nétaient pas scolarisés, ni en lycée, ni en collège. Par contre, les chahuts existaient déjà mais ils faisaient alors partie des rites. Lélévation du niveau général de formation et louverture de plus en plus large de lécole à tous les publics, est un progrès incontestable. Cependant, cette massification sest réalisée parallèlement à laggravation de léchec et de la sélection scolaire
Toute politique contre la violence passe par la réussite de la démocratisation de lécole. Mais cela nécessite des moyens. Les réductions deffectifs par classe vont dans ce sens, ils permettent de lutter contre léchec. De même, il faut rénover et construire des établissements à taille humaine,.. Certains penseront que ces revendications napportent pas de réponses immédiates. Et pourtant, la revendication de 15 heures denseignement et de trois heures de suivi/soutien/concertation avec les élèves va permettre de développer des espaces de dialogue avec les élèves, de même les classes plus petites permettent de dénouer les conflits. Certaines expériences de lycées expérimentaux, montrent que cela est possible, est-ce que cela doit rester expérimental ? Il est indispensable et urgent que les personnels soient formés sur ces questions de la violence.
La lutte contre la violence à l'école passe par les droits des élèves. Une véritable citoyenneté des élèves permet de lutter contre le sentiment des jeunes de nêtre jamais écouté, de ne jamais participer aux décisions qui les concernent. Le monopole de lautorité accordée aux adultes doit laisser la place à une vie plus démocratique : élaboration commune des règlements, participation des élèves aux décisions dorientation, participation accrue aux conseils de classe, droit de publication et renforcement de la vie associative. Le CVL peut être un premier pas à condition quil soit réellement une instance démocratique qui a les moyens dagir et de prendre des décisions.
Un espace particulier (cafétéria, salle de travail équipée de matériel...) doit être réservé aux élèves dans chaque établissement. Les foyers doivent être opérationnels et dotés dun budget conséquent. Les délégués de classe, au CVL, au CA doivent avoir les moyens de leur actions
Enfin, Un conseil de régulation des conflits serait un atout important dans chaque établissement pour permettre de les dénouer.
Certes, ces quelques propositions peuvent encore paraître éloignées de la réalité, mais il y a urgence, pour les élèves et pour les personnels. Certains risquent de céder au désespoir, aux tentations disciplinaires.
Urgence de relancer le débat et laction. Cest pourquoi le SDEN a décidé dorganiser jeudi 5 avril, une journée détudes sur ces questions de la violence, du règlement intérieur, du droit des élèves.