Les Documentalistes et les réformes Allègre

Comme nous le vivons tous, Allègre est passé mais les réformes qu’il a initiées sont restées et s’appliquent ! Un des éléments de ces réformes ce sont les travaux croisés en collège, les PPCP en Lycée professionnel et les Travaux Personnels Encadrés en Lycée. Beaucoup d’encre syndicale, entre autre, a coulé pour analyser ces réformes et expliquer en quoi elles représentent une attaque contre les personnels et les élèves. En fait ces réformes s’intègrent dans un vaste dispositif qui vise à démanteler le service public d’éducation pour le " rentabiliser ". Nous avons commencé à le démontrer et il serait important de continuer à intervenir pour approfondir et développer l’analyse. Mais tel n’est pas le propos de cet article aux buts beaucoup plus modestes.

Nous voudrions soulever ici un problème, celui de la place des documentalistes dans la mise en œuvre de ces projets et du rôle que l’administration voudrait leur faire jouer.

Il faut partir d’un constat. Comme nous le soulignions par ailleurs dans notre presse syndicale, le rôle et la place des professeurs documentalistes sont souvent mal reconnus dans les établissements. Or avec les TC, PPCP, et TPE, voilà qu’enfin le rôle du documentaliste vis à vis des autres partenaires est mis en évidence, qu’il participe des programmes et référentiels et qu’il est donc sollicité. Pour beaucoup de documentalistes, qui souffrent de cette non-reconnaissance de leur rôle, en particulier en lycée, ces réformes ou, de fait, les enseignants sont ou seront obligés de travailler avec les documentalistes, apparaît comme une aubaine. L’administration a très bien compris cela qui joue à fond cette carte, mobilisant les documentalistes pour que ceux-ci s’emparent des PPCP pour acquérir cette reconnaissance tant attendue ! Certains de nos collègues ne sont pas toujours conscients du rôle que l’on veut leur faire jouer et foncent tête baissée dans cette opération de division qui vise à dresser les documentalistes contre les profs ringards qui ne veulent pas modifier leur méthode de travail (sic) pour mieux faire passer les réformes. Beaucoup de documentalistes sont prêts à reconnaître qu’il y a un problème de moyens en ressources humaines et matérielles pour pouvoir appliquer ces réformes. Le fait est qu’il ne s’agit pas uniquement d’un problème de moyens pour pouvoir appliquer la réforme ; il y a derrière les PPCP et les TPE des problèmes de fond, celui entre autre de remise en cause du caractère national d’un diplôme (en l’occurrence le bac) et du niveau des diplômes d’enseignement professionnel. Car si aujourd’hui les PPCP ne rentrent pas dans l’évaluation pour l’obtention du CAP, BEP ou Bac Pro, qu’en sera-t-il demain, et qu’en sera-t-il de la place des TPE dans la note du Bac ?

Travailler autrement, développer l’interdisciplinarité, l’autonomie de l’élève, son initiative et son intérêt, tout enseignant ne peut qu’être d’accord. Mais il ne faudrait pas être naïf et oublier que derrière ces belles paroles sur la pédagogie différenciée, de projet etc.…, se cache une politique qui vise à faire du système éducatif un grand marché sur le dos de ses personnels, de tous ses personnels, et des élèves. Ne tombons pas dans le piège de la division ! La reconnaissance du rôle et de la place des documentalistes ne peut se faire sur le dos des autres personnels. Luttons ensemble pour défendre un système d’éducation de qualité pour tous.

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