Lycée des métiers : Lettre du lycée Sabatier
Bobigny, le 23 janvier
2002
Monsieur Le Ministre
Les personnels d’enseignement
et d’éducation du lycée André SABATIER, réunis en assemblée générale,
le mardi 22 janvier 2002, s’adressent à vous pour vous faire part de leurs
fortes préoccupations, leurs positions ainsi que leurs revendications.
En effet, une probable suppression de certaines formations
assurées par l’établissement, découlerait de la politique de mise en place
du «lycée des métiers ». Les sections qui seraient visées dans un
premier temps, seraient celles des métiers du secrétariat, puis à terme
celles des métiers de SMS et de STMS. D’autres pourraient suivre ?
Ce dont nous sommes sûrs dores et déjà, c’est la volonté
réelle de faire de la coiffure, de l’esthétique et de l’optique, le pôle
d’excellence de notre établissement. Tout semble se mettre en œuvre, progressivement. Une
demande d’ouverture de sections supplémentaires de CAP esthétique, BEP
et BTS optique est programmée, alors même que l’occupation des salles
est actuellement à saturation.
Une dite «optimisation » de l’utilisation des locaux
de l’établissement par la région, est également prévue dans le même sens.
Monsieur, nous tenons fortement à ces aspects positifs que
permet la polyvalence des formations au sein d’un même établissement.
Nous ne pouvons concevoir notre rôle d’acteurs d’un service public autrement,
que dans la recherche de la qualité et de l’excellence pour tous les élèves
et pour toutes les formations, à égalité. C’est pour ces raisons, mais
pas uniquement, que nous nous opposons au «lycée des métiers ». En
effet, son concept même présente des dangers, qui dépassent les simples
aspects concrets décrits ci dessus.
Adaptation à la réalité du bassin «d’emploi », contractualisation,
régionalisation, filialisation, concurrence entre les «labels qualité »
et ceux qui ne le seraient pas, feront de notre école publique une école
soumise aux aléas du marché. « Le lycée des métiers » ne garantira
sûrement pas une formation de qualité pour tous et encore moins une égale
dignité des filières.
Aggravation de nos conditions de travail, flexibilité,
diversification tout azimut de nos tâches au détriment de ce que
doit rester le socle de notre action, seront les autres conséquences de
tels choix.
Par ailleurs, il est inacceptable que les personnels de
l’Education Nationale soient non
seulement exclus de la RTT, mais voient leur temps de travail
rallongé, du fait des «réformes ». Le progrès social doit bénéficier
à tous. L’état doit donner l’exemple.
Le maintien de l’ensemble des formations assurées dans notre
établissement à court terme, comme à moyen terme. Les structures pédagogiques
et les moyens de la DHG doivent le confirmer.
La multiplication d’ouvertures des formations les plus demandées
dans des lieux géographiques différents, pour répondre aux besoins des
élèves, leur éviter les longs trajets et leurs inconvénients, favoriser
la polyvalence des pôles de métiers et la mixité sociale.
L’octroi des moyens nécessaires pour assurer à l’ensemble
de nos élèves une formation de qualité.
Une prise en compte particulière des besoins des élèves
issus des SEGPA doit voir le jour. Elle exige des effectifs de 18 élèves
au maximum par classe, et de 9 élèves par groupes, en enseignement général
comme en enseignement professionnel. Elle exige également, des moyens
de suivi psychopédagogique, une
formation spécifique des enseignants intervenant dans ces classes.
Le maintien d’un effectif élève global ne dépassant pas
l’actuel. Les capacités d’accueil sont à leur maximum. Des établissements
à échelle humaine s’imposent pour mener à bien nos missions.
Nous revendiquons la qualité et l’excellence, à égalité, pour toutes
les formations et tous les élèves. Ainsi, l’affectation d’une assistante
sociale dans notre établissement, ne peut être un critère d’un cahier
de charge pour un quelconque «label ». C’est une urgence dictée par
la réalité. Elle l’est d’autant plus que les chiffres officiels confirment
les difficultés croissantes de nos élèves : 61% des élèves sont d’origine
sociale défavorisée. La moyenne, en 2001 dans le département était de
48.84%.
Nous dénonçons «le
lycée des métiers » et demandons le gel de son application, le réel
retrait de «la charte de l’enseignement professionnel intégré » qui
en est le fondement.
Nous revendiquons de pouvoir
travailler mieux. Le temps, les moyens, l’arrêt de la précarité en sont
les premières conditions.