Chronique d’une crise annoncée au

lycée Paul Le Rolland (Drancy)


Du 28 novembre au 20 décembre 2001, 90% du personnel enseignant du Lycée Paul Le Rolland a été en grève. Cette mobilisation, exemplaire dans l’histoire de l’établissement, a été à la mesure de la crise qui a secoué le Lycée. Les causes ? Elles sont multiples et complexes. Elles résident avant tout dans les conditions dans lesquelles s’est déroulée la rentrée de septembre : une équipe de direction totalement renouvelée et fragilisée par le départ du nouveau proviseur adjoint à la fin octobre, l’ouverture de deux nouvelles classes sans moyens supplémentaires en matériel, personnel d’éducation et d’entretien, le retard dans l’installation du bâtiment préfabriqué prévu pour faire face à ce sureffectif et enfin la panne du compresseur qui alimente les différentes machines en air comprimé.

Plus profondément, cette crise s’enracine dans une situation qui remonte à la reconstruction du Lycée en 1994. Devenu polyvalent, l’établissement a accueilli chaque année de nouvelles classes de section générale et technologique pour compléter sa structure mais également pour combler les déficits du secteur … Le problème, c’est que les installations et les matériels n’ont pas suivi. Le parc machine, en partie obsolète et défaillant, s’est vite retrouvé insuffisant et les salles de cours inadaptées. La charge de travail de l’unique CPE s’est alourdie rendant de plus en plus difficile un véritable suivi des élèves.

 Les élus du personnel au Conseil d’Administration ont à plusieurs reprises tiré le signal d’alarme : les procès verbaux annoncent la crise qui a éclaté à la rentrée 2001. La situation s’est dégradée au fil des semaines : agitation dans les ateliers où les élèves se sont retrouvés condamnés au papier-crayon faute de pouvoir utiliser les machines à commande numérique, agitation dans les couloirs, problèmes disciplinaires non gérés … La détérioration des conditions d’enseignement et la carence de l’encadrement éducatif se sont rapidement traduites par une montée de la violence : bagarres à coups de marteau dans les ateliers, affrontements entre classes …

 Le mouvement de grève a constitué un refus de voir notre établissement sombrer dans la violence. Néanmoins, il n’a jamais été question pour nous de mettre en avant ces actes car notre objectif était avant tout de dénoncer les causes qui ont conduit à cette dégradation de la situation.

En assemblée générale, nous avons établi une plate-forme de revendications : la remise en état de fonctionnement et le renouvellement du matériel, la nomination d’un proviseur adjoint, la création définitive d’un poste supplémentaire de CPE, l’affectation de deux surveillants supplémentaires, l’affectation de personnels d’entretien supplémentaires, l’affectation d’une assistante sociale, le dédoublement des classes de VSP et d’Art appliqué. Reçus en délégation à l’Inspection Académique, nous avons obtenu des moyens provisoires : un faisant-fonction CPE et 30 heures de surveillance pour améliorer l’encadrement des élèves, l’intervention d’une équipe de spécialistes pour l’électricité et un audit des ateliers.

Si ces avancées n’étaient pas négligeables, ces moyens restaient insuffisants et surtout provisoires. C’est pourquoi, la grève a été reconduite. Nous sommes tous restés mobilisés pour exiger la pérennisation des postes concernant la vie scolaire et de réels engagements au niveau de l’installation et de l’équipement des salles. Nous avons continué à porter nos revendications au Rectorat, au Ministère, à la Région mettant à jour les dysfonctionnements et les carences des différents niveaux de l’administration. Il nous a fallu attendre le 17 décembre pour obtenir un engagement écrit du Recteur concernant la pérennisation des moyens, dans des termes qui restent cependant ambigus.

 Après avoir obtenu confirmation auprès du Ministère, nous avons décidé de suspendre notre mouvement. Néanmoins, nous restons très vigilants concernant la mise en œuvre effective des engagements. D’autre part, nous restons mobilisés pour le paiement de nos jours de grève. Au-delà de ce que nous avons obtenu, cette lutte a impulsé une dynamique très positive qui constitue un acquis pour les mobilisations à venir.

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