Refusons les diagnostics d’établissement !

Les chefs d’établissements ont invité les personnels à participer, à la demande du Rectorat, à l’élaboration d’une «auto-analyse collective » déterminant par la suite le projet de l’établissement. Une synthèse argumentée, dans un document de six pages, devra être communiquée par les chefs d’établissements au Rectorat et autres services, pour la mi-février.

 La démarche prônée

Les étapes de ce travail, que doit reprendre le document cité, sont les suivantes :

§         Faire un état des lieux à partir des préoccupations hiérarchisées de l’établissement. Des données quantitatives et qualitatives doivent appuyer ce constat.

§         Procéder à l’analyse des points forts et des points faibles ainsi que de la mise en œuvre de la politique nationale. 

§         Exploiter le diagnostic et l’analyse pour définir un programme d’actions fixant : les ambitions et les objectifs de l’établissement, les leviers et les modalités d’action, puis des pistes d’évaluation. Ce programme devant, par ailleurs s’inscrire dans les priorités académiques et départementales.

L’ensemble de cette démarche est détaillé dans un document, à l’attention des chefs d’établissements, intitulé : « aide méthodologique à l’élaboration d’un diagnostic d’établissement ». L’élaboration de l’état des lieux et de l’analyse critique, y est présentée comme l’occasion d’une réflexion collective, permettant à la communauté scolaire de définir sa représentation de la réalité.

Il y est également précisé que les groupes de travail se saisiront des thématiques qui leur paraissent pertinentes. Il est aussi question de s’assurer de l’adhésion de la communauté pour entraîner une action commune.

Les conclusions de chaque étape doivent être communiquées à tous, ainsi que la rédaction proposée. Dans le cas de désaccord, les limites du consensus doivent être clairement indiquées. Le document de synthèse doit préciser les modalités de travail adoptées et les divergences apparues.

 Notre analyse

Chacun de nous, peut être séduit par ce qui peut paraître comme une volonté d’implication de tous les concernés par l’école. Peut-être, est- ce enfin l’occasion d’une consultation démocratique où chacun pourra exprimer ses réflexions et ses besoins ?

La mise en garde quasi unanime, par les chefs d’établissements, pour que le document produit ne soit pas un cahier revendicatif, écarte d’office la question incontournable des moyens. Une première limite qui n’a pas découragé les personnels de certains établissements. Leur volonté, sans être dupes, était d’aller jusqu’au bout de la logique. Dans certains cas, l’expérience fût courte, puisque les thèmes «retenus » étaient des thèmes imposés, autour desquels les personnels devaient plancher. C’était un devoir pour les enseignants, juste avant les vacances d’hiver.

D’autres ont vu dans cette opération, en plus de la démagogie, un moyen pour mettre en place les réformes contestées. Ils ont dénoncé et boycotté l’opération.

Pour notre part, nous considérons qu’au niveau de la forme, se pose déjà le problème du pouvoir accru des chefs d’établissement. Malgré les recommandations habiles en vue d’obtenir «l’adhésion » des personnels, les chefs ont la tendance générale de vouloir penser et agir à la place des autres. C’est une première entrave à la démocratie. Quant à nos préoccupations de fond, elles concernent les conséquences de la politique sous-jacente.

En effet, les éléments contenus, dans la partie nommée,  «construire une analyse partagée des forces et des faiblesses », dévoilent la volonté de mettre en concurrence les établissements. Pour être objectifs, les personnels sont invités à comparer «en s’appuyant... sur des écarts à la moyenne ou par rapport à des établissements similaires ou sur des différences par rapport à des taux attendus ». C’est un pas vers la casse du cadrage national de l’école et de l’égalité de formation pour tous. Le service public est menacé encore une fois dans les missions qui doivent rester les siennes.

La volonté de faire le forcing  pour appliquer les réformes contestées, y est également clairement énoncée : « Les évolutions de la politique éducative nationale constituent un puissant levier pour faire avancer la réflexion pédagogique. Il ne saurait donc y avoir d’auto- analyse complète sans évoquer les modalités de mise en œuvre de ces réformes et les bilans qui ont pu en être tirés. »

 

Le cadre est rigide, les objectifs déjà fixés, aucune possibilité pour les concernés de se faire entendre. Alors à quoi peut servir cette nouvelle opération ? En plus de l’aspect politique, il s’agit aussi de diviser les personnels en introduisant une hiérarchisation et à l’issue le principe de méritocratie. C’est également le moyen d’affaiblir le rôle des élus des personnels et des syndicats. Les professeurs coordonnateurs et les professeurs principaux sont présentés, comme devant être les appuis de l’équipe de direction.

Enfin, la rallonge du temps de travail est également au programme. En effet, parmi les thèmes de réflexion proposés figure «l’action pédagogique ». Celui-ci englobe «le travail d’équipe :  à l’intérieur d’une discipline, d’une classe, avant les conseils de classe, pour les projets, contre l’absentéisme. L’aide au travail des élèves : CDI, soutien, tutorat. Evaluation : fréquence, nature... ».

 

Pour conclure, nous réaffirmons notre refus d’un «modernisme » qui prône le retour à des conditions de travail et à une école plus archaïques. Le modernisme que nous défendons, est celui du progrès des acquis sociaux, de la qualité du service public et d’une école pour tous. C’est dans l’unité, et par la mobilisation qui reste à construire, que nous ferons avancer nos revendications.

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