Les chefs d’établissements recentrés
sur la pédagogie 

C’est un des axes forts, avec le recrutement, du " protocole d’accord sur la revalorisation du rôle et des carrières " des chefs d’établissement de l’enseignement secondaire signé le 16 novembre entre le Ministère de l’Education Nationale et Jean-Jacques Romero, secrétaire général du principal syndicat (le SNPDEN).

Leur rôle premier sera " d’impulser et de conduire la politique pédagogique et éducative de l’établissement ". Ils pourront bâtir " une politique relative à l’évaluation des élèves ", " valoriser les initiatives ", " détecter les potentialités des enseignants ".

Dans ce cadre, les tâches seront dévolues à d’autres personnels (lesquels ?). La gestion financière sera regroupée autour d’un pôle placé sous l’autorité de l’agent-comptable.

Cette " valorisation " du rôle des chefs d’établissement a sans doute pour but de susciter des vocations pour faire face à la pénurie de recrutement : chute des candidatures de 30 % entre 1992 et 1997 (rapport Blanchet). D’où la nécessité actuelle de faire appel à des enseignants faisant fonction de personnels de direction se formant de fait sur le tas.

Mais sur le fond, qu’est-ce-que cela signifie ?

Quelle formation pédagogique particulière auront reçue les futurs chefs d’établissement pour se permettre de diriger une politique pédagogique ?

Seront-ils chargés, à la place des inspecteurs, de faire le tri entre les " bons " et les "  mauvais " contractuels ou vacataires.

" Détecter les potentialités des enseignants " est-ce-que cela ouvre la voie à l’avancement au mérite ? En tout cas, c’est une piste que le Ministère a déjà voulu explorer !

Nous sommes tous profondément attaché à notre liberté pédagogique. C’est pour cette raison que nous n’acceptons pas qu’aujourd’hui le Ministère nous dicte le contenu et les modalités des projets pédagogiques (PPCP, TPE, travaux croisés).

La revalorisation du rôle des chefs d’établissement risque fort de déboucher sur une gestion encore plus autoritaire et technocratique des collèges et lycées, restreignant encore davantage nos espaces de liberté.

La situation s’aggrave lorsque, dans le même texte, la porte est ouverte pour le recrutement de chefs d’établissement qui ne viennent pas du milieu enseignant mais de la fonction publique territoriale ou hospitalière. De quelles compétences pédagogiques pourront-ils se prévaloir pour jouer le rôle qui leur sera dévolu ?

Les établissements scolaires souffrent d’un déficit démocratique dans leur fonctionnement, d’un manque de transparence, d’une insuffisance en personnels administratifs, d’intendance, d’entretien, en ouvriers professionnels entraînant des surcharges de travail. Ils sont confrontés à des difficultés liées au manque de moyens, de formation des enseignants pour gérer correctement les situations difficiles qu’ils rencontrent, aux effectifs trop lourds dans les classes.

Ce sont ces problèmes-là qui sont à traiter en urgence.

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