Pourquoi la CGT na
pas signé
le protocole daccord sur la résorption
de lemploi précaire
A lexamen du texte, et par rapport au précédent dispositif (Perben), le premier constat que nous faisons quant au champ des personnels susceptibles den bénéficier est celui dune avancée certaine.
Il couvre pratiquement toutes les catégories de précaires exerçant des activités denseignement (maîtres-auxiliaires, contractuels, vacataires), y compris ceux dont les emplois sont financés par des ressources gagées (comme les contractuels de GRETA). Mais il exclut les aides-éducateurs et les CES, et il ne comporte aucune mesure pour les MA étrangers hors communauté européenne.
Les " bénéficiaires " devront avoir été en fonction pendant au moins deux mois au cours des douze mois précédant la date de signature du protocole, et avoir été employé pendant une durée au moins égale à trois ans déquivalent temps plein au cours des huit dernières années. Cette dernière condition sappréciant, chaque année, à la date de clôture des inscriptions, pendant les cinq ans de la durée du plan.
Au-delà, nous avons des interrogations fortes au regard du refus du ministère de la Fonction Publique de formaliser clairement des engagements :
Quel réemploi ? La garantie de réemploi nest pas clairement affirmée. " Les directives qui seront données à ladministration pour quil ne soit pas fait obstacle à lobtention régulière des conditions dancienneté " ne peuvent, à nos yeux, être une substitution à cette garantie que nous revendiquions.
Quel nombre de titularisations seront effectivement prononcées ? Le texte ne donne aucune assurance que les personnels répondant à la double condition dexercice (cf § 3) seront effectivement titularisés.
Cest, pour nous, un élément dappréciation dautant plus important que nous avons déjà eu des expériences en la matière au travers du plan Perben qui, après avoir dans un premier temps déjà exclu de nombreux précaires du champ dapplication, na pas prononcé toutes les possibilités de titularisation quil affichait (20 000 sur 45 000 pour toute la Fonction publique dEtat, 11 000 sur 22 000 pour lEducation nationale).
A ces incertitudes, il faut en rajouter une autre : les mesures de titularisation ne sont envisagées quau travers des disponibilités demplois qui seront dégagées (emplois vacants découlant de départs en retraite, transformations de crédits).
Il ny a eu aucune quantification en dehors de laffirmation que ces transformations seraient " significatives ".
Cest là un des points les plus négatifs, car ce plan peut être mis en uvre sans aucune création nette demplois et sil en est ainsi, il sera forcément réducteur.
De la même manière, si le texte affirme quil y aura à veiller à maintenir un niveau suffisant de recrutement externe, il napporte pas de précision sur ce que devrait être ce niveau, alors que celui-ci a baissé de 6 % en un an et de 34 % en six ans.
Les questions de formation sont totalement absentes du dispositif. Seul, un alinéa stipule pour les CES et les CEC, la possibilité dêtre bénéficiaires de formation pour les aider à passer les concours.
Enfin, plusieurs incertitudes demeurent :
sur la modalité de concours qui sera utilisée pour la plus grande partie des personnes concernées, puisque les examens professionnels auxquels le texte fait référence seront une voie possible de titularisation pour les seuls maîtres-auxiliaires " ayants droits " du dispositif Perben ;
sur le rôle que ladministration pourrait faire jouer à lexamen professionnel ;
sur les modalités de reclassement.
Quant à la seconde partie du texte, qui a lambition de définir ce que pourrait être une meilleure gestion de lemploi public, cest davantage la question de la gestion de lemploi quil aborde, plutôt que celle de la résorption de lemploi précaire.
Ainsi, est esquissée la possibilité de poursuivre dans la voie de la déconcentration des recrutements et des affectations, sans justification de ces choix.
Si ce dispositif peut constituer un "plus" pour un certain nombre de précaires, par labsence dengagement et lexclusion de certains dentre eux, il nest pas la réponse densemble attendue par tous ceux qui vivent la précarité.
Cest en fonction de ces différents éléments, et parce que le ministère sest refusé à préciser ses engagements, que la CGT na pas signé ce protocole. En prenant cette position, elle a voulu mettre en adéquation ses paroles et ses actes avec les revendications des personnels, se refusant ainsi à jouer, comme certains, les équilibristes.
Ce texte a été adopté par six des sept organisations syndicales de la Fonction publique. Il donnera lieu à des négociations par ministère et se traduira par le vote dune loi à lautomne.
Rien nest donc définitif.
Nous pouvons encore contribuer à améliorer le dispositif actuel.
Dautres luttes seront nécessaires. Elles seront plus efficaces si elles
se mènent dans la clarté.